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  • Photo du rédacteurIsabelle Borg

L'art de la transmutation

« Abandonne-toi aux rythmes de la nature puis positionne-toi fermement pour incarner ce qu'elle te demande »

Adage alchimique


Pour illustrer le processus d'introspection qui se passe malgré nous, pour exprimer ce qui se cherche en nous et là aussi malgré nous, rendons hommage à l'alchimie !

Cet Art de la transmutation des métaux en vue de l'obtention du véritable Or (et non pas de l'or vulgaire) symbolise l'évolution de l'homme d'un état où prédomine la matière à un état spirituel. Elle accompagne, entre autre, le christianisme et selon Jung « s'efforce de combler les lacunes que laisse subsister la tension régnant entre les contraires ».

On retrouve cette même idée en Asie dans un traité alchimique, « La Fleur d'Or », qui propose une méthode pour faire passer de la dualité à l'unité première et dernière : le Tao.

Le but de l'homme, d'après ce traité, sera de parvenir à inverser la tendance naturelle qui va vers l'extérieur, c'est à dire à cesser de chercher à l'extérieur de soi pour ne plus en dépendre.

Il invite donc à déterminer un mouvement vers l'intérieur, nommé « retournement de la lumière ». C'est ce même mouvement qui permettra d'être en contact avec ce qu'il nomme « la Fleur d'Or », ce que Jung appelle le Soi, d'autres le corps de diamant, l'état de Bouddha, le Christ. Ce qui peut aussi se symboliser par l'image du Mandala.

Mais revenons au début de l'œuvre, car ici même nous venons d'en évoquer « la fin ».

Au début de la quête, nous allons devoir passer par une rencontre avec ce que les alchimistes appellent en début de travail « l'or naissant », à savoir le dragon.

Le dragon symbolise l'impur, le grossier, l'écailleux, le chaos ténébreux. Il est dangereux, car il peut nous dévorer, c'est à dire engloutir la conscience... Pourtant il est le symbole de la substance transformante, commune et méprisable : la Materia Prima !

C'est le fondement même de la conscience.

C'est l'esprit de l'inconscient situé au delà de la personne.

Et c'est pour cette raison que sa qualité est d'indiquer une prise de conscience. Il est une forme de monstre qui combine le principe chtônien (les pattes) et le principe aérien (les ailes).

Il représente un stade de transformation, car en s'enfonçant dans l'inconscient la conscience se met à mal. Il est donc poison et contre poison... et est une variante de Mercure, qui se compose de toutes les contradictions imaginables :

- il est physique et spirituel

- il est le diable et le sauveur.

Il est le Soi, le processus d'individuation.

Il permet Le choc.

La découverte de la materia prima ayant été faite, l'entrée dans l'athanor va conditionner l'avancement du processus. L'athanor est le fourneau, le four philosophique dans lequel va pouvoir s'opérer la transformation. Ce four sera fermé par le sceau d'Hermès. C'est l'introversion, l'isolement pour prendre contact avec l'inconscient.

Rien ne pourra plus s'échapper vers l'extérieur. C'est donc dans cet athanor que le processus de transformation s'opérera, selon l'ordre suivant.

La première couleur est le noir. C'est la couleur de l'inconscient.

Elle évoque la défaite du moi, où le moi se retrouve face à ce qui le dépasse et le contraint. C'est l'obscurcissement de la conscience par la rencontre avec l'inconscient.

L'œuvre au noir conteste donc et abolit le primat de la conscience. Elle est surtout l'œuvre de l'inconscient qui organise la défaite du moi, de ses défenses, de ses systèmes de représentations et d'identifications, qui dépasse et contraint ce fameux moi.

Il s'agit bien d'une plongée vers le bas.

Le noir est la couleur de la putréfaction.

Comme le dit l'alchimiste : « Il faut que tu veuilles te brûler de ta propre flamme : comment veux-tu te renouveler si tu ne t'es pas d'abord réduit en cendres ? »

On peut sur cette lignée évoquée cette histoire zen :

Un élève épris de vérité traverse les montagnes et brave les dangers pour aller rencontrer un maître zen. Après plusieurs mois d'efforts il arrive enfin à la demeure du maître à qui il demande d'être enseigné. Celui-ci l'accueille et lui propose du thé. Le maître sert le breuvage et continue de le servir alors que la tasse déborde. L'élève s'étonne et le fait remarquer au maître qui lui répond :

« Comme cette tasse tu es plein de toi-même et tu en débordes... Comment veux-tu que je t'enseigne le Zen ? »

Cette expérience avec le vide est salutaire, car elle va permettre de se détacher et de s'ouvrir à du nouveau.

C'est ce contact avec le vide, son approche et sa contemplation qui vont permettre de constater l'illusion dans laquelle nous sommes souvent quotidiennement...

Et comme l'écrit l'alchimiste Dorn : « la solution est dans l'absence de certitude ».

L'abolition des certitudes va permettre de se rendre disponible et ainsi de laisser advenir ce qui doit venir.

Après cela la conscience reprend ses droits dans la phase suivante, c'est à dire le blanc.

Le blanc est la couleur de l'ascèse et du discernement qui en découle.

C'est la phase de purification.

C'est ce qui permettra de passer au rouge, c'est à dire de manière singulière la volonté de Dieu, ou en terme analytique la réalisation du Soi. Nous arrivons donc à la conclusion : le Mandala.

Le Mandala est propre à conduire celui qui le contemple à l'illumination. Il rappelle tout comme le Mercure la nécessité d'agir et de participer à l'œuvre car si on ne le contemple pas, il ne se passe rien.

Contemplons tout en résistant ! Voici une conjonction à propos !

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