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Le faiseur de pluie
Le faiseur de pluie

"Il y eut une grande sécheresse dans la ville où Richard Wilhelm séjournait; pendant des mois il ne tomba pas une goutte de pluie et la situation devint catastrophique; les catholiques firent des processions, les protestants firent des prières, et les chinois brûlèrent des bâtonnets d'encens et tirèrent des coups de fusil pour effrayer les démons de la sécheresse. Finalement les chinois se dirent: " Allons chercher le faiseur de pluie." Et celui-ci vint d'une province reculée. C'était un vieil homme émacié. Il dit que la seule chose qu'il souhaitait était que l'on mette à sa disposition une petite maison tranquille et il s'y enferma pendant trois jours. Le quatrième jour, des nuages s'amoncelèrent, et il se produisit une forte chute de neige, à une époque de l'année où aucune neige n'était prévisible, et en quantité inhabituelle.
Tant de rumeurs circulèrent au sujet de cet extraordinaire faiseur de pluie que Wilhelm alla voir l'homme et lui demanda comment il avait fait. En bon Européen il dit: " Ils vous appellent faiseur de pluie : pouvez-vous me dire comment vous avez produit la neige ?" Le petit chinois répondit : " je n'ai pas fait la neige, je n'en suis pas responsable".
"Mais qu'avez-vous fait pendant ces trois jours ?"
"Oh, cela, je puis vous l'expliquer, c'est simple. Je viens d'un pays où les choses sont ce qu'elles doivent être. Ici les choses ne sont pas dans l'ordre, elles ne sont pas comme elles devraient être d'après l'ordre céleste, aussi le pays tout entier est-il hors du Tao. Je n'étais pas non plus dans l'ordre naturel des choses, parce que j'étais dans un pays qui n'était pas dans l'ordre, aussi la seule chose que j'avais à faire était d'attendre trois jours jusqu'à ce que je me retrouve en Tao, et alors, naturellement, le Tao fit la neige."


La fleur d'or
La Fleur d'Or

C'est en 1928 que Wilhelm adressa à Jung un traité taoïste du VIIIe siècle, "La Fleur d'Or", en lui demandant d'en faire un commentaire.

Ce dernier écrivit, dans "Ma vie" : "Je dévorai aussitôt le manuscrit, car ce texte m'apportait une confirmation insoupçonnée en ce qui concerne le mandala et la déambulation autour du centre. Ce fut le premier événement qui vint percer ma solitude. Je sentais là une parenté à laquelle je pouvais me rattacher".

Cet ouvrage alchimique a en effet trait à la méthode pour faire passer de la dualité à l'unité première et dernière, le Tao.
La dualité, tout comme sa méconnaissance, sont une source inépuisable de troubles et de conflits internes.
Le dialogue entre le conscient et l'inconscient, par l'intermédiaire, entre autres, des rêves,constitue la voie... qui conduit à l'actualisation d'une totalité psychique à la fois personnelle et transpersonnelle à laquelle Jung a donné le nom de Soi.
Le Soi... cet agent... ce moteur principal du processus d'individuation... cet inspirateur de la transformation... ce centre régulateur... ce facteur d'accomplissement de la personnalité toute entière...!
Et c'est bien grâce à ces facteurs d'ordre et d'équilibre que le Soi contient qu'il peut soutenir le développement de la conscience...
Cette conscience révèle les conditionnements, scénarios (analyse transactionnelle), croyances limitantes, toutes formes d'identification... et permet de sortir de sa condition de prisonnier pour devenir un "partenaire de la création".
Ce "partenariat" avec le monde se retrouve aussi au niveau du corps, par le biais entre autre de la respiration.
Le traité de la Fleur d'Or n'a de cesse de répéter que "le souffle est l'esprit même, c'est l'esprit même qui respire". Rappelons à ce propos que l'étymologie du mot esprit vient du latin spiritus (dérivé de spirare, souffler), qui signifie souffle, vent.
Oui, la respiration est le mouvement de l'existence et le mouvement c'est la vie et la santé, opposé à la stagnation et à la maladie.

La respiration, ce formidable "rappel de soi", symbolise également ce lien au monde, par le donner et le recevoir, qui fait de nous des êtres humains.

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